Les 125 ans d'impressum vaud se sont déroulés à la Maison du Dessin de Presse à Morges, en marges de l'exposition "Espèce menacée: le loup, l'abeille et la presse". Les membres d'impressum vaud, le comité central et le secrétariat central d'impressum, les représentant.e.s des sections d'impressum, ainsi que les ami.e.s et soutiens du métier ont été cordialement invité.e.s autour d'un apéritif, l'occasion de se remémorer en toute convivialité certains des épisodes marquant de l'histoire de notre section.
Visionnez quelques images de l'événement ici.
Discours d'Alberto Tikulin, président d'impressum vaud
Chères consoeurs, chers confrères,
Chères et chers ami.e.s de la presse,
Tout d’abord, merci beaucoup à Stéphanie Reinhard de nous accueillir au sein de la Maison du Dessin de Presse pour cet événement des 125 ans d'impressum vaud.
Depuis 125 ans — cent vingt-cinq ans ! — notre association accompagne les journalistes dans leurs combats, leurs doutes et leurs évolutions. Notre profession a traversé deux Guerres Mondiales, des pandémies, et de grandes révolutions technologiques de l’histoire moderne : le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, Internet, puis les réseaux sociaux.
Chaque fois, les journalistes ont su s’adapter, apprendre, évoluer. Mais aujourd’hui, un tournant inédit s’annonce. Pour la première fois de l’Histoire, une technologie ne se contente plus de diffuser l’information… Elle peut la créer !
L’intelligence artificielle écrit, parle, illustre, simule. Elle ne se contente pas d’aider : elle concurrence parfois. Et c’est à nous, journalistes, qu’il revient de garder le cap.
Dans ce flot de contenus générés, le journaliste redevient le dernier garant du vrai : celui qui doute, qui vérifie, qui hiérarchise, celui qui sait que la vitesse ne remplacera jamais la rigueur.
Mais notre métier est aujourd’hui malmené. La parole se restreint, se surveille, se censure parfois d’elle-même. Par crainte d’un reproche, d’une incompréhension, ou d’un malentendu amplifié par le vacarme des réseaux. Aujourd’hui, certains sujets deviennent des territoires minés, certaines questions, des lignes rouges.
Et pourtant, c’est précisément là que commence notre responsabilité : refuser le silence, maintenir la liberté de nommer les choses, défendre le droit de dire ce que d’autres préfèrent taire.
Et pendant que nous débattons d’algorithmes et d’intelligence artificielle, notre profession se vide de ses forces vives. Les titres ferment, les rédactions se rétrécissent, les plans sociaux se succèdent. Derrière chaque départ, il y a un visage, une voix, une compétence qui s’éteint. Des journaux disparaissent, des savoir-faire se perdent, des territoires entiers deviennent des zones blanches de l’information.
C’est une blessure pour la presse, mais aussi pour la démocratie. Car une société sans journalistes, c’est une société qui cesse peu à peu de se voir telle qu’elle est.
Les machines peuvent décrire le monde, mais elles ne peuvent pas le ressentir. Elles ne connaissent ni le silence d’une victime, ni la pudeur d’un témoin, ni la responsabilité d’un mot. Et c’est là que se joue notre avenir : dans la défense de l’humain. Dans ce geste simple et immense qu’est l’attention à l’autre.
Les fondateurs de l’Association de la Presse Vaudoise n’avaient pas imaginé nos rédactions connectées, nos fils d’actualité infinis, ni ces intelligences artificielles capables de rédiger à notre place. Mais ils auraient reconnu notre combat : celui de la liberté d’expression contre la facilité, de la vérification contre la vitesse, de l’éthique contre le vacarme. Ils savaient déjà que la technique n’est rien sans conscience, et que la presse n’existe que si des femmes et des hommes en portent la responsabilité.
Alors, à nous d’en être dignes. Pas en cherchant à tout réinventer, mais en gardant le cœur de notre métier : la curiosité, la précision, la parole libre.
Notre avenir ne se jouera pas dans la compétition avec la machine, mais dans ce que nous seuls savons faire : écouter, comprendre, et transmettre — avec humanité.
Puissions-nous, à notre tour, porter cet héritage : celui d’une presse libre, exigeante, profondément humaine.
Et que vive encore longtemps Et que vive encore longtemps l’Association de la Presse Vaudoise — ou impressum vaud — gardienne des mots justes, de la liberté d’informer, et de cette petite flamme qui éclaire notre métier depuis cent vingt-cinq ans.






















































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